Il était une fois un royaume très lointain qui était dirigé par un roi triste. Il était pourtant en bonne santé et avait un royaume prospère. Le roi ne comprenait donc pas les raisons de sa mélancolie.
Au même temps, et à sa grande confusion, il voyait son serviteur commencer ses journées en chantant et en fredonnant de joyeuses chansons. L’humble serviteur était sans doute un homme heureux, et le roi se demandait tous les jours comment un serviteur pouvait-il se sentir heureux et lui, étant le roi, ne pas trouver le bonheur ?
Afin d’aller au bout de sa curiosité, le roi demanda d’abord à son serviteur : “Pourquoi es-tu si heureux ?”
Le serviteur ne savait pas quoi répondre. “Pourquoi pas ?“, répondit-il enfin. “J’ai l’honneur de servir votre majesté dans ce beau palais, je vis dans une maison confortable que la cour m’a attribuée, avec une épouse fidèle, et des enfants en bonne santé, que demander de plus ?
Ne croyant pas un mot du discours du serviteur, le roi était en colère, mais même la menace de le décapiter ne donna pas de résultat. Etant un roi juste, il finira par laisser au serviteur sa vie de bonheur.
Résolu à trouver le secret du bonheur, le roi appela son vizir, lui raconta toute l’histoire et lui demanda de l’aider à expliquer pourquoi le serviteur était heureux avec sa vie misérable et que lui ne pouvait cesser d’être triste. Le vizir sourit et répondit : “C’est simple. Le serviteur est heureux car il n’est pas concerné par la règle du 99″.
Le roi était intrigué et demanda de lui expliquer à quoi consistait cette règle du 99 ! Le sage lui dit alors qu’il était inutile d’expliquer par des mots et que le mieux était de le vérifier de ses propres yeux. Il était seulement nécessaire de réunir 99 pièces d’or pur, et d’accepter de perdre un excellent serviteur qui ne sera plus la même joyeuse personne. Le roi accepta le test.
Le roi ordonna de réunir 99 pièces d’or massif, le plus précieux du royaume. Ensemble, avec le sage vizir, ils les mirent dans un sac et les emmenèrent, secrètement, à la maison du domestique. Ils les laissèrent au pied de la porte, avec un écriteau : “Ceci est une récompense pour être un serviteur fidèle et dévoué. Profites-en sans dire à personne comment tu l’a trouvée“. Ils restèrent ensuite cachés pour observer ce qui se passait.
Le domestique sortit soudainement et vit le sac. Il en fut surpris. Il regarda aux alentours et pénétra dans sa maison, intrigué. L’homme humble prit les pièces de monnaie et les dispersa sur la table. Il ne pouvait croire ce qu’il voyait. Il se mit ensuite à compter sa nouvelle fortune, armant des piles de 10 pièces. Le serviteur pensa que quelque chose n’allait pas lorsqu’il parvint à la dernière pile. Cette dernière ne contenait pas 10 pièces, mais 9.
Le domestique pensa qu’une pièce était tombée. Il demanda à sa femme et à ses enfant de sortir la chercher. ils cherchèrent partout, mais sans rien trouver, ce qui mit en colère l’homme contre eux. Il se mis à calculer : combien de temps cela lui prendrait-il pour obtenir une pièce pour compléter la centaine ? Il fit des additions et des soustractions. Il se demanda : Et s’il travaillait plus ? Et s’il demandait à sa femme de travailler plus aussi pour compléter plus vite la centaine ? Le serviteur devint dès lors très soucieux et méfiant. Il soupçonnait tout le monde dans le palais. Il pensait que l’un d’entre eux avait volé la pièce qui, selon lui, manquait à sa fortune.
Il passa ses nuits à faire de nouveaux plans pour compléter ses cent pièces de monnaie. Ainsi, il trouvé son roi le matin, non pas en chantant mais fatigué, frustré, mécontent et anxieux. Il était victime de la règle du 99 : il ne pensait désormais plus à ce qu’il avait, mais à ce qui lui manquait.
De son coté, le roi comprit enfin quelle était la signification de la règle de 99 et la cause de sa tristesse.