
Un vieil homme, sentant la fin approcher, appela son fils et lui tendit une montre ancienne.
— Mon fils, dit-il, cette montre m’a été donnée par ton grand-père. Elle a plus de deux siècles. Avant de te la remettre, je veux que tu en connaisses la valeur. Va chez l’horloger, au bout de la rue, et demande-lui combien il l’achèterait.
Le fils s’exécuta. Peu après, il revint, déçu :
— Père, il m’a dit qu’elle valait à peine cinq euros. Elle est trop vieille, a-t-il dit.
Le père hocha la tête.
— Essaie alors au café du coin. Montre-la à ceux qui s’y trouvent.
Le fils partit, puis revint.
— Là-bas aussi, ils m’ont proposé cinq euros. Ils la trouvaient usée, inutile.
Le père sourit doucement, ses yeux fatigués brillants d’une lueur étrange.
— Maintenant, rends-toi au musée. Présente-leur cette montre.
Le fils s’y rendit. Lorsqu’il revint, il était bouleversé :
— Père ! Ils m’ont offert un million d’euros. Ils disaient que c’était une pièce rare, d’une valeur inestimable.
Alors le père posa une main tremblante sur celle de son fils et murmura :
— Mon enfant, je voulais que tu comprennes ceci : ta valeur ne diminue jamais. Mais si tu restes au mauvais endroit, parmi ceux qui ne savent pas la reconnaître, tu seras toujours sous-estimé. Cherche le lieu, les personnes, les contextes où l’on voit en toi ce que tu portes réellement.
Et le fils comprit que la montre n’était qu’un miroir tendu à sa propre vie.






