Un vieux professeur, plus riche d’expériences que d’années à vivre encore, entra un matin dans la salle de classe. Avec un petit sourire malicieux, il déclara: “Aujourd’hui, chers élèves, je vous ai préparé un contrôle surprise!”.
Les regards se firent inquiets, les souffles plus courts.
Au lieu de lignes compliquées et de problèmes à résoudre, il remit à chacun une simple feuille, immaculée comme la neige, où trônait, au centre, un minuscule point noir.
Les étudiants échangèrent des regards confus : aucune question, aucun problème à résoudre, pas la moindre équation à manipuler. Seulement ce point, minuscule et muet, posé sur une mer de blanc.
« Décrivez ce que vous voyez », dit-il en souriant.
Les plumes se mirent à courir. Les uns décrivaient la taille te la position du point, ou parlèrent de tâche, d’imperfection, de poussière insolente. Les autres y virent un trou, une menace, un abîme. Certains encore, plus poétiques, en firent un astre sombre, une graine de nuit tombée au milieu du jour.
Quand le professeur collecta les copies et commença à les lire,une chose devint claire : tous avaient parlé du point noir, et pas un seul n’avait mentionné l’espace blanc autour.
Alors il les regarda longuement et déclara:
— Vous avez tous fixé votre regard sur la tache, oubliant l’immense lumière qui l’entoure. Cet espace intact prêt à accueillir mille images, prêt à être rempli de projets, d’espérances et de possibles.
Ainsi faisons nous dans vos vies : nous voyons nos manques, nos défauts, nos malheurs, et nous négligons la richesse, la clarté, le champ immense que la vie nous offre autour.
Les étudiants baissèrent les yeux, songeurs. Le point noir, soudain, leur parut bien petit.








